Le premier couple humain vit dans l'innocence.
Il vit dans l'innocence parce qu'il n'a pas conscience du mal.
Le fait de vivre nu n'est pas un mal en soi ... mais il le devient lorsque le regard d'un individu est susceptible d'être altéré.
Comme le souligne Shmuel Trigano dans l'un de ses ouvrages (Le judaïsme et l'esprit du monde) :
"Le mal ne vient pas de la sexualité. C'est son usage qui peut être dévoyé, à l'instar de toute action de l'homme."
Cette altération du comportement est potentiellement génératrice de péché, comme nous le rappelait Jésus :
« Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » (Matthieu 5.28 ~ Traduction Segond)
Entre l'homme et sa femme vivant en Eden, il ne saurait certes y avoir d'adultère parce qu'ils étaient seuls et conçus l'un pour l'autre par l'Eternel Dieu.
Cette nudité physique du couple dans le jardin d'Eden est le reflet d'une transparence voulue par le Créateur : ils n'avaient rien à se cacher, tant sur le plan physique que psychique.
"Cette nudité est bien évidemment plus grande, voire autre chose, que la nudité du corps et notamment des parties génitales." (Shmuel Trigano ~ Le judaïsme et l'esprit du monde)
Pourquoi en est-il ainsi ?
Parce que l'un et l'autre constituaient deux éléments d'un ensemble conçu par Dieu pour vivre dans l'unité.
Il est écrit en Genèse 2.22 que « l’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme ».
Rappelons ici que le mot hébreu "tsêla" peut se traduire par "côte" ou par "côté".
Rappelons aussi que "tsêla" est proche d'un autre mot hébreu ayant la même racine : "tselem" qui signifie "image".
C'est ce terme (tselem) qui est employé lorsqu'il est écrit que « Dieu créa l'homme à son image ... » (Genèse 1.27)
L'humain (Adam) issu de la terre (Adama) a été créé à l'image (tselem) de Dieu pour vivre comme son côté (tsêla) dans l'unité et la transparence.
Cette relation Homme~Dieu (Terre~Cieux) devait se refléter, sur la terre, dans la relation homme~femme.
Ce lien entre l'homme et la femme est d'ailleurs souligné en Genèse 2.18 lorsque l'Eternel Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis. » (Version Semeur)
On emploie plus souvent le terme de "semblable" pour traduire ce verset que celui de "vis-à-vis" afin de qualifier la proximité de l'homme et de la femme.
L'intimité existant entre ces deux êtres permettait une "nudité" du corps, et surtout de l'âme, qui pouvait se traduire par une connaissance réciproque du partenaire qui va bien au-delà de notre vécu quotidien.
De ce fait, aucune honte ne pouvait exister entre eux car ils n'avaient rien à dissimuler en tous domaines.
Cette capacité relationnelle allait se rompre ensuite et, lorsque l'homme et la femme se sont vêtus, c'est non seulement leurs corps, mais surtout leurs âmes, qui ont été voilés.
Désormais, l'homme et la femme entretiendront des relations exposées au cachement, à la dissimulation, au mensonge et à la méconnaissance de l'Autre.
Cet état de méconnaissance des personnes proches que nous cotoyons est-il appelé à se pérenniser pour l'éternité ?
Non, car la Bible nous offre une espérance merveilleuse : celle d'un autre monde.
Dans le chapitre 13 de la première Epître aux Corinthiens, au verset 12, l'apôtre Paul nous offre cette révélation : « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. »
Le jour vient où les voiles intimes tomberont, où les âmes n'auront plus à se cacher, où les miroirs qui faussent notre regard et nos pensées seront supprimés.
Alors nous verrons face à face, en vis-à-vis.
Alors nous connaîtrons l'Autre comme lui-même pourra nous connaître.