Caïn était un agriculteur sédentaire tandis que son frère Abel était éleveur, représentatif du nomadisme pastoral.
Les économistes s'accordent à considérer que les première villes sont apparues au Néolithique, lorsque la production agricole résultant d'une agriculture sédentaire permit d'alimenter des groupes se livrant à d'autres activités, notamment le commerce.
En cela, la Bible nous enseigne implicitement que la naissance des villes supposait en préalable le développement de la sédentarité dans le monde agricole puisque le fondateur de la première ville, Caïn, est agriculteur.
Une sédentarité qui ne faisait pas toujours bon ménage avec les troupeaux peu respectueux des cultures.
Les conflits étaient fréquents et l'analyse des relations entre Caïn et son frère Abel illustre ce conflit entre cultivateurs et éleveurs.
Une sédentarité qui ne correspond plus à la situation de Caïn.
Il faut en effet avoir en mémoire qu'il a été chassé par Dieu de la terre nourricière qui lui garantissait son statut d'agriculteur pour entrer dans l'errance.
« Voici, tu me chasses aujourd’hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre ... » (Genèse 4.14)
Aussi, la ville imaginée par Caïn ne peut lui être destinée.
Il demeurera dans l'errance et c'est son fils, Hénoc, qui hérite de cette cité qui portera son nom.
Une cité probablement modeste au regard du faible nombre d'êtres humains en ces premiers temps bibliques.
Mais une cité qui mérite toutefois que l'on s'y attarde au niveau du principe qu'elle inaugure ...
La ville est-elle mauvaise en soi ?
Ou bien le devient-elle lorsque l'homme entend lui donner un caractère prestigieux ?
Le simple fait de donner son nom à une ville, ou celui de son fils, n'est-il pas le reflet d'une ambition démesurée ?
L'histoire humaine est parsemée de telles manifestations d'orgueil.
Ne citons que deux exemples :
- Alexandre le Grand, fondateur notamment de la ville d'Alexandrie en Egypte,
- Staline, dont le nom fut donné en 1925 à Stalingrad (ex-Volvograd) préfigurant le culte de la personnalité qui allait déferler sur l'Union Soviétique.
Et l'histoire biblique va dans le même sens.
La cité de Babel et sa célèbre tour résume en quelques mots l'ambition humaine.
« Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom ... » (Genèse 11.4)
Babel se situe ainsi dans le prolongement de la ville de Caïn en accentuant les prétentions humaines : se faire un nom et toucher le ciel !
Babel a une racine commune avec Babylone, prestigieuse cité antique.
Actuellement la plus haute tour du monde, le Burj Khalifa, située aux Emirats arabes unis atteint 828 mètres.
Les chinois se sont lancés dans la surenchère en visant 838 mètres avec la Sky City Tower ... démesure, quand tu nous tiens !
« Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. » (Apocalypse 17.5)
Cette "mère" a eu beaucoup d'enfants ...
Cette "mère" s'inscrivait dans le prolongement de la cité de Caïn.
Nous sommes bien confrontés à une reproduction systématique des mêmes dérives du comportement humain.
L'humanité caïnique qui se développa aux temps anciens, notamment dans ces villes, a conduit Dieu au constat suivant :
« L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. » (Genèse 6.5)
Alors vint le Déluge ...