Au-delà de l'Arc-en-ciel


Le signe de Caïn

« L’Eternel lui dit :

Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois.

Et l’Eternel mit un signe sur Caïn

pour que quiconque le trouverait ne le tue point. »

(Genèse 4.15 ~ Traduction Louis Segond)

Le signe de Caïn


Quelle est la nature du signe de Caïn ?

Tatouage ? Scarification et, pourquoi pas ... circoncision ?

Le signe distinctif de la circoncision apparaît en Genèse 17.11 :

« Vous vous circoncirez ; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous. »

En hébreu le sexe circoncis et l'alliance sont désignés par un même terme : "brit".

Dans le cas de Caïn, l'hypothèse du "brit" est peu probable pour deux raisons :

- la circoncision est un signe d'alliance avec Dieu et il n'est question d'aucune alliance entre Dieu et Caïn mais d'une simple marque de protection,

- la circoncision n'étant pas visible à moins d'être nu, le signe de Caïn ne serait pas apparent au premier regard et il ne pourrait de ce fait être protégé.

Il faut donc chercher dans d'autres directions.

Caïn a fait couler le sang en tuant son frère. Ceci suscite généralement une condamnation.

Mais le sang peut aussi être une marque de protection dans certaines conditions.

C'est notamment le cas du sang de l'alliance en Egypte.

« Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Egypte. » (Exode 12.13)

Ici, le sang est bien une marque distinctive et protectrice.

Mais c'est une trace passagère qui s'efface rapidement.

Il semble que le signe de Caïn soit plutôt indélébile.

Où trouver dans la Bible une telle marque ?

Peut-être dans le livre de l'Apocalypse lorsqu'il est question de la marque protectrice des saints dans la tourmente.

« Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » (Apocalypse 7.3)

Mais Caïn peut-il être assimilé à un "serviteur de Dieu" ?

Non, il semble donc que le signe de Caïn soit tout à fait spécifique.

Mais dans quel but ?

Une ancienne tradition mentionnée dans la Traduction Œcuménique de la Bible multipliait ainsi par sept la vengeance.

Cette pratique est manifestement désavouée par l'Eternel avec le signe sur Caïn.

Toutefois, cette pratique de la vengeance existait-elle en ces temps reculés ?

Et qui aurait pu la mettre en œuvre puisque l'humanité se résumait à quelques individus ?

En fait, la prescription implicite de Dieu qui consiste à protéger le meurtrier va plus loin que la Torah qui trouvera son expression dans la loi du talion.

En effet, celle-ci organise la veangeance comme suit :

« ... œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » (Exode 21.24-25)

Avant même son appartion, Dieu veut mettre un terme au cycle de la violence.

Eviter que le meurtre engendre le meurtre en se multipliant par sept, c'est enrayer un processus dont la démultiplication s'exprime peu après en ces termes par la bouche de Lémec, un descendant de Caïn :

« J’ai tué un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure.

Caïn sera vengé sept fois, et Lémec soixante-dix-sept fois. » (Genèse 4.23-24)

Pour un meurtre, sept vengeances, pour deux meurtres, soixante-dix-sept ...

Ainsi se mit en place la spirale de la violence dans un monde en totale décadence.


ENTÊTE : Caîn et Èbèl

Traduction d'André Chouraqui :

4.1 à 4.26

Adâm pénètre Hava, sa femme. Enceinte, elle enfante Caïn. Elle dit :
« J’ai eu un homme avec IHVH-Adonaï. »

Elle ajoute à enfanter son frère, Èbèl. Et c’est Èbèl, un pâtre d’ovins. Caïn était un serviteur de la glèbe.

Et c’est au terme des jours, Caïn fait venir des fruits de la glèbe en offrande à IHVH-Adonaï.

Èbèl a fait venir, lui aussi, des aînés de ses ovins et leur graisse. IHVH-Adonaï considère Èbèl et son offrande.

Caïn et son offrande, il ne les considère pas. Cela brûle beaucoup Caïn, ses faces tombent.

IHVH-Adonaï dit à Caïn : « Pourquoi cela te brûle-t-il, pourquoi tes faces sont-elles tombées ? N’est-ce pas, que tu t’amé-liores à porter ou que tu ne t’améliores pas, à l’ouverture, la faute est tapie ; à toi, sa passion. Toi, gouverne-la. »

Caïn dit à Èbèl, son frère ... Et c’est quand ils sont au champ, Caïn se lève contre Èbèl, son frère, et le tue.

IHVH-Adonaï dit à Caïn : « Où est ton frère Èbèl ? »

Il dit : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère, moi-même ? »

Il dit : « Qu’as-tu fait ? La voix des sangs de ton frère clame vers moi de la glèbe. Maintenant tu es honni plus que la glèbe dont la bouche a béé pour prendre les sangs de ton frère de ta main. Oui, tu serviras la glèbe : elle n’ajoutera pas à te donner sa force. Tu seras sur la terre mouvant, errant. »

Caïn dit à IHVH-Adonaï : « Mon tort est trop grand pour être porté. Voici, aujourd’hui tu m’as expulsé sur les faces de la glèbe. Je me voilerai face à toi. Je serai mouvant, errant sur la terre : et c’est qui me trouvera me tuera. »

IHVH-Adonaï lui dit : « Ainsi, tout tueur de Caïn subira sept fois vengeance. »

IHVH-Adonaï met un signe à Caïn, pour que tous ceux qui le trouvent ne le frappent pas.

Caïn sort face à IHVH-Adonaï et demeure en terre de Nod au levant de l’‘Édèn.

Caïn pénètre sa femme. Enceinte, elle enfante Hanokh. Il bâtit une ville et crie le nom de la ville, comme le nom de son fils : Hanokh.

‘Irad est enfanté pour Hanokh. ‘Irad fait enfanter Mehouyaél. Mehouyaél fait enfanter Metoushaél. Metoushaél fait enfanter Lèmèkh.

Lèmèkh se prend deux femmes. Nom de l’une, ‘Ada. Nom de la deuxième, Sila.

‘Ada enfante Iabal, il est le père de qui habite la tente et le cheptel.

Nom de son frère, Ioubal. Il est le père de tout saisisseur de lyre et de viole.

Sila elle aussi a enfanté Toubal-Caïn, marteleur de tout, artisan du bronze et du fer ; et la soeur de Toubal-Caïn, Na‘ama.

Lèmèkh dit à ses femmes : « ‘Ada et Sila, entendez ma voix, femmes de Lèmèkh, écoutez mon dit : oui, j’ai tué un homme pour ma blessure, un enfant pour ma plaie. Oui, Caïn subira vengeance sept fois et Lèmèkh soixante-dix et sept. »

Adâm pénètre encore sa femme, elle enfante un fils. Elle crie son nom, Shét : « Oui, Elohîms m’a placé une autre semence à la place d’Èbèl : oui, Caïn l’a tué. »

Pour Shét aussi il a été enfanté un fils. Il crie son nom : Enosh. Alors, le nom de IHVH-Adonaï commençait à être crié.


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