Cette durée de vie limitée semble entrer en contradiction avec celle des patriarches bibliques qui ont vécu bien au-delà.
Elle deviendra incontournable à partir de Moïse qui décéda à 120 ans (Deutéronome 34.7).
Plusieurs explications ont été avancées pour comprendre cette directive de Dieu.
La longévité décroissante des personnages de la Bible avant Moïse, telle qu'elle est évoquée dans le livre de la Genèse, s'expliquerait par une "dédivinisation" de l'homme, c'est-à-dire un passage de l'humanité mythique à l'humanité historique.
Les patriarches seraient en quelques sortes des êtres transitoires entre Dieu et Moïse qui auraient progressivement perdu l'héritage de la vie éternelle.
Ils seraient à mi-chemin entre "le temps de Dieu", l'Eternel, et le "temps des hommes", limité à 120 ans.
Ceci permer de donner une certaine élasticité aux données chonologiques bibliques antérieures à Moïse.
Il ne faut pas les décompter selon le temps humain et il serait ainsi vain de vouloir opérer des recoupements entre les données de la géologie ou de l'archéologie et la chronologie biblique.
Les rabbins ont pour leur part une lecture plus ciblée de ce verset biblique.
Rachi interprêta ainsi ce passage :
"Je retiendrai ma colère pendant cent vingt ans, et s’ils ne se repentent pas, j’amènerai sur eux le déluge.
La décision avait été prise vingt ans avant la naissance des enfants de Noa‘h."
Ainsi, c'est 120 ans avant le Déluge que l'Eternel se serait prononcé en ces termes, visant seulement l'humanité corrompue au temps de Noé.
Les douze patriarches ayant vécu après le Déluge, de Sem (mort à 600 ans) à Jacob (mort à 147 ans), ne seraient pas concernés par cette sentence divine.
Et nous, le sommes-nous ?
Depuis deux siècles, l'espérance de vie humaine s'est sensiblement allongée sur terre dans la plupart des pays.
L'âge moyen de la mort avoisinait 33 ans en France au début du 19è siècle.
Il est actuellement en France de 82 ans (79 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes).
Cet écart entre hommes et femmes est constaté pour la plupart des pays.
Il se manifeste aussi pour les "supercentenaires".
Un supercentenaire est une personne ayant atteint ou dépassé l'âge de 110 ans.
Dans le monde, seuls trente-cinq supercentenaires, confirmés officiellement, ont fêté leurs 115 ans.
Un seul homme, un japonais, a atteint 116 ans.
Une seule femme a dépassé 120, Jeanne Calment, décédée à 122 ans.
La Bible a dit vrai : « Mon Esprit ne restera pas toujours à l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. »
Peut-on espérer aller au-delà ?
Beaucoup croient que la durée de vie va continuer de s'allonger mais certaines études contredisent ce scénario.
Elles prennent en compte des phénomènes considérés comme des "bombes à retardement" : l'obésité, les maladies dues à l'amiante, le tabagisme, l'impact des produits phytosanitaires et de la pollution sur la santé (augmentation impressionnante du nombre de cancers).
Ajoutons à ceci le contexte de crise économique qui conduit à la réduction des dépenses de santé dans les pays développés, et nous obtenons une perspective à moyen ou long terme de réduction progressive de l'espérance de vie.
Une question subsiste : est-ce en ce monde que la Bible nous invite à placer notre espérance de vie ?