La création de conscience

« C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu,
en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles. » (Epître aux Hébreux 1.3)

La lumière qui nous éclaire est composée de couleurs que nous ne voyons pas.

L'arc-en-ciel que nous contemplons est le fruit d'une lumière qui est derrière nous.

Notre connaissance du monde environnant est aussi relative que la portée de nos sens.

Mais celle-ci nous suffit pour toucher du doigt une réalité qui nous dépasse et dont la création demeure sujet à controverses. Oeuvre d'un Dieu ? Autocréation sans raison ? Création sans commencement ... donc pas de création ?

Et s'il s'agit d'un Dieu, de Celui qui s'est révélé dans le livre de la Génèse, qui est l'auteur du Livre ?

La tradition considère qu'il s'agit de Moïse ... mais ce sujet ne sera pas débattu ici.

Ce qui m'interpelle, à partir de l'arc-en-ciel, c'est comment l'auteur de ce livre a reçu sa révélation.

La face poétique de mon âme est tentée d'imaginer un être plein d'humilité qui, contemplant les lueurs d'un arc-en-ciel, reçu un message avec tant d'intensité qu'il entreprit de le transmettre à la postérité.

Une autre face, plus terre à terre, serait tentée d'objecter que l'on s'est plutôt efforcé de faire cadrer l'ordre des jours de la création avec l'ordre des couleurs de l'arc-en-ciel.

De nombreuses voix peuvent aussi affirmer que tout ceci n'a rien à voir ensemble et qu'il n'y a pas lieu de chercher quoi que ce soit à ce sujet.

Un tel raisonnement peut d'ailleurs conduire à considérer qu'il n'y a pas lieu de chercher quoi que ce soit à n'importe quel sujet.

Mais au gré de mes lectures, j'ai un jour relevé cette phrase :

" C'est en cherchant la vérité, que l'on trouve l'illumination, non en la proclamant. "

Ce fut ma devise jusqu'au jour où, effleurant l'illumination, je n'ai cessé d'en demander encore plus, sur un chemin de vérité qui se révélait infini et éternel.

Je ne pouvais m'arrêter sur ce chemin ... obligé de poursuivre pour en accroître la conscience.

Créer de la conscience : n'est-ce-pas pour cela que nous avons été créés ?

A moins que nous soyons créés pour être passivement conscients de la Création ... ?

1. La conscience passive

En vacances à Cauterets, sur la table de la salle d'attente d'un médecin, j'ai récupéré une revue sur le développement de l’univers.

C'était en août 1992, et après avoir digéré tous les articles scientifiques, j’ai ressenti que notre présence sur cette terre avait un sens : nous sommes là pour être conscients de cet univers et de ses merveilles qui, sans observateur, n’aurait peut-être pas de raison d’exister.

Le regard que je tournais vers le ciel à l'automne 1992 n'était plus celui du printemps 1992 : auparavant agnostique, je devenais déiste !

L'univers avait au moins une raison d'être, les êtres conscients aussi : nous n'étions pas le fruit du hasard et de la nécessité.

L'évolution avait un sens, la Création une logique ... donc, pourquoi pas un Créateur ?

Je n'allais guère avancer pendant les trois ans qui ont suivi.

En 1995, j'étais à terre, confronté à la douleur physique, à la mort, à la souffrance morale sous mon toit et celui de mes parents ...

Les épreuves de la vie m'ont poussé à une remise en question, m'interrogeant sur la nature de la souffrance et la dualité qui oppose le bien et le mal.

Je ne pouvais plus me contenter d'être passivement conscient de l'univers.

2. La conscience active

Il est difficile de se remettre en question ... et surtout de se remettre en cause.

L'origine de nos maux est bien souvent cherchée à l'extérieur de soi faute d'admettre que nous pouvons être une des causes de nos tourments.

La faute à " l'autre ", c'est beaucoup plus pratique ...

Admettre que nous pouvons être capables du meilleur comme du pire, c'est reconnaître que notre nature est profondément encrassée.

De notre comportement individuel peut dépendre la production du " bien " comme du " mal ".

Il semble que l'espèce humaine ait fortement contribué à une surproduction de maux au détriment de ce qui est bon.

Certains systèmes de pensée prétendent tout changer collectivement, laissant croire que la nature humaine s'améliorerait dans un contexte matériel plus favorable.

Aucun n'y est parvenu ... alors que faire pour changer le monde ... ou l'individu ?

3. Métanoïa !

" Meta ", en grec, c'est le changement et " noûs " signifie l'esprit.

" Changer d'état d'esprit " ... tout un programme, mais aussi beaucoup d'errances.

Car cette notion particulièrement développée dans la Bible avec le Nouveau Testament a généré les notions suivantes : Conversion ~ Repentance ~ Pénitence ...

... et pas mal de prescriptions émanant de doctes religieux qui ont en quelque sorte actualisé les interdits alimentaires du Premier Testament.

Et tout comme il était impossible aux israélites de respecter les 613 commandements du Premier Testament, les religieux de l'ère chrétienne ont cadenassé les portes du Royaume de Dieu, prétendant être les seuls dépositaires des clés.

« Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui essayaient d'entrer, vous les en avez empêchés. » (Evangile selon Luc 11:52)

Heureusement, l'Amour de Dieu pour Sa création va bien au-delà de leur volonté. Car il est écrit :

« quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Joël 2:32 ; Actes 2:21 ; Romains 10:13).

Et pour cela, il n'y a pas besoin d'intermédiaire, de confesseur ou autre directeur de conscience qui viendrait entraver l'évolution de notre conscience.

La Métanoïa est une affaire personnelle, car il n'y a pas deux individus identiques.

Et le seul qui soit en mesure de nous connaître parfaitement, de nous écouter, de nous conseiller, de s'armer de patience ou de nous bousculer :

C'est Dieu !

4. Faut pas rêver ...

Nous ne changerons pas le monde ... faut pas rêver.

Parce que l'homme est réticent à son propre changement, parce qu'il attend le plus souvent que les autres fassent le premier pas pour justifier sa propre inertie, parce que, parce que ...

Ce monde est condamné.

En 1995, je l'étais aussi ... d'un point de vue spirituel.

Pendant neuf ans, j'ai cherché Dieu. Dans les pensées orientales (yoga, bouddhisme) puis occidentales.

Au gré de mes lectures, j'ai lu en 2001 un ouvrage intitulé " La création de conscience " (Edward Edinger). Cela faisait partie d'un parcours initiatique qui allait encore se poursuivre trois ans.

Un labyrinthe comporte beaucoup de voies sans issue ... un seul chemin conduit vers la sortie, vers la liberté.

Jésus en est le plus grand révélateur. Telle est ma conviction.

Mais chacun est libre de ne pas la partager ...

5. La conscience créative

Au soir du 2 avril 2004, le parcours initiatique m'a conduit à 600 mètres au-dessus de la mer.

Je n'avais nullement l'intention de me suicider, mais celle de crier à Dieu :

" Pourquoi sommes-nous là ? A quoi bon tout ça ? "

Une demi-heure plus tard, figé face à un coucher de soleil sur les Corbières, une voix intérieure me répondit : " Nous sommes là pour avoir le sentiment du Beau, de l'Honnête et du Juste ... c'est cela la création de conscience ! "

Le surlendemain, j'ai décidé de me tendre vers ce qui est Beau, Honnête et Juste ... de choisir entre le Bien et le Mal. La " Métanoïa " était en marche ...

Dans notre dimension humaine, nous n'avons qu'une conscience relative du Beau, de l'Honnête et du Juste.

Mais cela ne nous empêche pas de faire du bien autour de nous, d'être honnête, de s'efforcer d'être juste ... armés d'une conscience créative qui se tende vers l'Absolue perfection.

« Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir,

d’une manière obscure,

mais alors nous verrons face à face ;

aujourd’hui je connais en partie,

mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. »

(Première épître aux Corinthiens, chapitre 13, verset 12)

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